Le bâtiment à ossature bois de la ferme de Baumugnes comprend une salle de transformation, une salle de vente, un lieu de stockage et une installation sanitaire.
Ce dispositif à très haute performance énergétique est composé de matériaux d’isolation à base végétale et renouvelable. En plus, les eaux blanches et grises sont traitées par phyto-épuration dit « à étage » selon le principe de décantation verticale sur lits de roseaux. Bientôt, le séchage en grange sera pratiqué pour une meilleure autonomie alimentaire.
L’ensemble de ces mécanismes est devenu indispensable pour améliorer les conditions de travail, le bien-être animal et permettre des économies d’énergie conséquentes.
À l’occasion de cette visite, Laurence Mundler, architecte-conseil à la Maison Régionale de l’Élevage, et Didier Jammes, chargé de mission Agroenvironnement-Énergie-Climat à Bio de PACA, seront présents pour échanger avec les participants et témoigner de leur expertise.
Pour clôturer la visite, une dégustation de fromage sera proposée et un repas convivial tiré du sac est à prévoir.
Pour plus d’informations, contacter Didier Jammes, chargé de mission Agroenvironnement-Énergie-Climat à Bio de PACA au 04.26.78.44.41 ; didier.jammes@bio-provence.org
PRATIQUES FAVORABLES AU CLIMAT : Retours sur la visite de la Ferme de Baumugnes du lundi 20 mai 2019
Le 20 mai dernier, Bio de Provence-Alpes-Côte d’Azur organisait la deuxième visite de son cycle de visites de fermes aux pratiques favorables au climat.
C’est sous un temps pluvieux que s’est déroulée celle de la Ferme de Baumugnes. Ainsi les échanges se sont faits dans la fromagerie et le bâtiment d’élevage, principaux sujets de la visite.
Didier Jammes, responsable du pôle Agroenvironnement Énergie Climat à Bio de Provence-Alpes-Côte d’Azur, a débuté par une présentation du projet de visites de fermes, avec une introduction sur les changements climatiques, la consommation d’énergie et les émissions de gaz à effet de serre, puis a parlé de l’inter-réseau IRAEE ainsi que du pôle Agroenvironnement Energie Climat de Bio de PACA.
Résumé des chiffres évoqués concernant la Ferme de Baumugnes :
Entre 2010 et 2018, la ferme a réussi a diminué de moitié sa consommation d’énergie électrique.
Une augmentation du chiffre d’affaires a été permise par 2 facteurs :
une augmentation de la production laitière d’environ 10 000 litres de lait supplémentaires vendus à Biolat (nouveau circuit de commercialisation) ;
une augmentation des aides PAC du fait de la constitution d’un GAEC entre Baptiste et Cécile (passage pour Cécile de conjointe d’exploitant à associée d’exploitation).
À cause des dégradations causées par les sangliers sur les surfaces en orge, le GAEC a dû racheter des céréales, du coup l’autonomie alimentaire du troupeau n’a pas pu être atteinte en 2018. La production des surfaces fourragères pourrait aussi très nettement augmentée si les troupeaux d’herbivores sauvages (biches) ne venaient pas régulièrement brouter dans les prairies. Le rendement potentiel des prairies est facilement de 6 tonnes par an alors que la production actuelle est bloquée à environ 3,5 t.
À ce sujet, Baptiste et Cécile éprouvent le besoin d’une régulation plus ferme du gibier.
Les émissions de GES ont augmenté entre 2010 et 2018, du fait de l’augmentation du nombre de vaches laitières, mais le ratio téqCO2/L de lait est resté stable.
La commercialisation du lait
Il faut environ 10 litres de lait pour produire 1 kg de tomme.
Baptiste et Cécile observent qu’en parallèle de leur vente en direct, il y a de plus en plus d’opportunités locales pour la vente de leurs produits, notamment dans un magasin de producteurs « Mon Paysan Alpin » à Veynes. De ce fait ils ont arrêté la livraison dans les 4 Biocoop du bassin gapéen. Grâce à cette réorientation des circuits de commercialisation, les consommations de gasoil pour la commercialisation des produits ont été fortement réduites.
Etre isolés de la route ne les avantage pas, c’est pourquoi ils misent sur la vente en magasin de producteurs pour valoriser leurs produits.
Charles Mongeon, thermicien, a émis l’idée de créer des plateformes logistiques alpines allant de Gap jusqu’à Genève pour favoriser la commercialisation.
Les autres pratiques sur la ferme
Baptiste utilise de plus en plus la ressource fourragère issue des arbres (frênes principalement, mais aussi saules et peupliers) pour nourrir les vaches avec le feuillage lorsque l’herbe est trop sèche en été. Il récupère ensuite le bois pour le chauffage de sa maison. La manipulation de ces arbres est dangereuse. Le frêne en bord de parcelle permet particulièrement d’absorber l’eau. Baptiste envisage de replanter de plus en plus de frênes dans ses parcelles, en bord de parcelle ou sur les zones humides, pour que les arbres en bénéficient tout en assainissant le terrain. Il devrait ainsi garantir l’autonomie alimentaire du troupeau en été si les aléas climatiques futurs s’aggravent.
Baptiste et Cécile ont pour projet de finaliser les investissements du séchage de foin en grange avec souffleur et panier. Tout est presque prêt, il ne reste plus qu’un investissement en matériel (environ 4 000 €) pour finaliser l’installation. Avec la possibilité de sécher le fourrage en grange, le GAEC se dédouanera des conditions climatiques et renforcera encore l’autonomie alimentaire du troupeau grâce à l’amélioration de la qualité des fourrages. De plus l’air sec du territoire en été n’imposera pas l’installation d’un système de chauffage de l’air. De ce fait
la consommation nouvelle d’énergie sera faible et concernera seulement le système de ventilation.
En plus du foin, les vaches sont parfois nourries avec des écarts de tri et grains cassés de lentilles et de pois chiches provenant d’un producteur voisin. Le lait devient beaucoup plus riche durant l’utilisation de cette ration !
Baptiste et Cécile souhaitent rendre leurs bâtiments toujours plus performants pour pouvoir vendre à leur retraite un lieu de travail attractif et optimal.
La visite s’est terminée dans la boutique, avec une dégustation de tomme et de gruyère pour alimenter les discussions qui se sont poursuivies.
Pratiques agricoles et réduction des émissions de GES
La majorité des activités humaines sont sources de pollution pour l’environnement et l’agriculture ne fait pas exception : un cinquième des émissions de gaz à effet de serre (GES) en France sont issues du secteur agricole ! C’est ici que l’agriculture bio entre en jeu...
En effet, les pratiques agricoles et de gestion des territoires ont non seulement la possibilité de réduire leurs impacts, mais également celle de stocker du carbone et ainsi d’inverser la tendance ! L’agriculture bio, historiquement attachée aux valeurs de protection de l’environnement, a développé des pratiques limitant son impact sur la planète et pourrait ainsi permettre d’atténuer les émissions de GES.
Le réseau bio de Provence-Alpes-Côte d’Azur est par conséquent fortement engagé dans l’accompagnement des acteurs de son territoire sur la voie de la transition énergétique.
Bio de Provence-Alpes-Côte d’Azur, en partenariat avec le GERES et la Chambre d’Agriculture des Bouches-du-Rhône, a alors été missionné par la région pour mettre en œuvre pendant 18 mois une démarche ClimAgri - un outil destiné à estimer les consommations énergétiques et les émissions de GES du secteur agricole.
L’une des pistes de réflexion engagée suite à cette démarche a été la proposition d’un scénario dit ’bio’ : le doublement de la SAU bio en PACA (soit 30% à l’horizon 2020) permettrait de réduire 2% des consommations énergétiques et de 3% des émissions de GES, dû à l’absence de fertilisation minérale et en prenant en compte l’augmentation des consommations de fuels lié au travail du sol plus important.
Pour tout renseignement contacter Didier JAMMES, didier.jammes@bio-provence.org, 04 26 78 44 41
Améliorer les performances énergétiques des exploitations agricoles
Le Plan de Compétitivité et d’Adaptation des Exploitations agricoles est un dispositif d’aide du programme de développement rural du FEADER (second pilier de la PAC). Retour ligne automatique
Le « PCAE 4.1.3 » a été mis en place pour limiter les émissions de CO2 et lutter contre le changement climatique. En œuvrant pour la réduction de la consommation d’énergie fossile au profit de l’énergie renouvelable, le PCAE a également pour but d’améliorer la compétitivité des exploitations agricoles.
Le PCAE 2020 est paru !
Un projet pour améliorer la performance énergétique de votre exploitation ? Pensez au PCAE !
Le Plan de Compétitivité des Exploitations Agricole (PCAE) permet de vous aider financièrement à investir sur vos exploitations et notamment pour les investissements améliorant la performance énergétique. Le choix des dossiers retenus se fait par une commission régionale, sur la base de l’argumentaire présent dans les dossiers.
Bio de Provence Alpes Côte d’azur peut vous accompagner dans ces démarches afin d’optimiser votre dossier pour que vous ayez le maximum de chances d’être retenu par cette commission de financeurs.
Un Guichet Unique Services Instructeurs (GUSI) est ouvert dans chaque département pour répondre également à vos interrogations.
Présentation succincte de la mesure de cet appel à projets concernant les investissements dans la performance énergétique des exploitations agricoles :
PCAE mesure 4.1.3 : Investissements dans la performance énergétique des exploitations agricoles
Dépenses éligibles :
• Bloc de traite : récupérateur de chaleur sur tank à lait pour la production d’eau chaude sanitaire, pré-refroidisseur de lait, pompe à vide de la machine à traire et ses équipements liés à l’économie d’énergie.
• Autres équipements en économie d’énergie : éclairage spécifique lié à l’économie d’énergie : détecteurs de présence, système de contrôle photosensible régulant l’éclairage en fonction de la luminosité extérieure, démarreur électronique pour les appareils électroniques, système de régulation lié au chauffage et à la ventilation des bâtiments, système de climatisation naturelle par brumisation ou aération, ballons de stockage eau chaude – Open buffer (avec découplage totale de la production de chaleur et de la distribution de chaleur dans la serre). Calorifugeage du réseau en chaufferie. Condenseurs. Chauffage localisé basse température.
• Séchage en grange : bâtiment et équipements liés à la production et à l’utilisation d’énergie renouvelable destiné au séchage en grange pour le stockage de productions végétales et de fourrages.
• Isolation des locaux à usage agricole (hors bâtiments neufs)
• Production d’énergie renouvelable à partir d’énergie éolienne ou solaire : équipements liés à la production et à l’utilisation d’énergie en site isolé et non connecté au réseau d’alimentation électrique (100% de l’énergie produite valorisée sur le site de l’exploitation).
• Production d’énergie renouvelable à partir de biomasse : chaudière à biomasse ne bénéficiant pas du crédit d’impôt accordé pour les usages non professionnels (exemple : chauffage de la maison d’habitation).
• Production d’énergie renouvelable à partir d’autres sources (air/eau) : échangeurs thermiques du type « air-sol » ou « puits canadiens » et « air-air » ou VMC double flux. Pompes à chaleur.
• Méthanisation agricole (METHA_ PACA)
Montant de subvention possible : financement de 40 à 70% plafonné à 40 000 € d’investissement pour les exploitations individuelles et les sociétés sauf GAEC (jusqu’à 120 000 € pour les GAEC à 3 associés).
Date limite de dépôt : 10 mars 2020
Les appels à propositions 2020 viennent d’être publiés et mis en ligne sur le site europe.maregionsud.fr à la rubrique « appels en cours Programme FEADER » https://europe.maregionsud.fr/les-a...
Un diagnostic énergétique préalable est obligatoire.
L’accès aux aides à l’investissement pour les économies d’énergies est conditionné par la réalisation d’un diagnostic énergétique. Ce diagnostic doit être mené par des personnes agréées par la Direction Départementale des Territoires et de la Mer. Votre conseiller énergie lié à l’IRAEE est habilité à le faire et vous trouverez ses coordonnées sur www.jediagnostiquemaferme.com
Le diagnostic énergétique fait un bilan sur une année donnée de toutes les consommations d’une exploitation, aussi bien les énergies fossiles directes (fioul, gasoil, électricité, gaz) que les énergies indirectes (intrants, matériels et bâtiment). Il évalue également les émissions nettes de gaz à effet de serre et le stockage du carbone dans les arbres, les prairies, les haies…
L’étude permet de repérer les postes les plus consommateurs ou émetteurs de ces gaz et d’indiquer là où les économies sont possibles.
Des exemples concrets : (Ces exemples sont particuliers car les 3 exploitations citées sont en site isolé. Bien entendu les aides du PCAE, sont ouvertes à toutes les exploitations.)
Dans le Var, un maraîcher biologique en circuit court a fait appel à l’IRAEE pour rendre sa ferme plus compétitive et performante en énergie. Le site d’activité n’est relié ni au réseau électrique, ni au réseau d’eau potable. Sur cette exploitation de 3 parcelles éloignées où sont produites des cultures très diversifiées, le maraîcher est obligé de faire beaucoup de déplacements depuis son lieu d’habitation jusqu’aux différents sites de production, notamment pour assurer un système de pompage ambulant avec un groupe électrogène.
Le diagnostic a révélé que 80% de la consommation d’énergie en essence et gasoil, était liée au pompage de l’eau d’irrigation et aux nombreux déplacements. Les actions d’amélioration envisagées conjointement par le diagnostiqueur et l’agriculteur concernent :
la mise en place d’une installation photovoltaïque en site isolé,
l’aménagement d’une serre de production de plants en serre bioclimatique,
la rationalisation des déplacements.
De ces trois investissements, seule l’installation photovoltaïque, d’un coût total de 17 400€ est éligible au PCAE. Cette installation de 3KWc permettra de réduire la consommation d’essence globale de l’exploitation de 60% ainsi que d’alimenter le groupe froid d’une petite chambre froide.
Autre exemple avec une agricultrice fromagère des Alpes-De-Haute-Provence dont la production bio est distribuée en circuit court via un réseau AMAP. Son exploitation est située en site isolé difficile d’accès et sans connexion possible aux réseaux d’eau et d’électricité. Installée de façon provisoire dans un mobil home, la fromagerie ainsi que la chèvrerie sont en cours de construction sur le site. Le profil énergétique de l’exploitation fait ressortir une consommation d’énergie qui est due pour 36% aux produits pétroliers (gasoil et gaz) et ce dans des conditions de travail difficiles. Cette consommation causée par le transport de marchandises, l’approvisionnement, les déplacements fréquents et l’utilisation d’un chauffe-eau pour transformer les fromages, demande à être amélioré. Le diagnostic a donc fait ressortir les solutions suivantes : l’installation d’un chauffe-eau solaire à thermosiphon,
la mise en place d’une installation photovoltaïque en site isolé,
le regroupement des ateliers sur le même site de production.
Ces investissements sont pris en charge par le PCAE et ils permettront 10% de réduction de la consommation de gasoil, 70% de réduction de la consommation de gaz et une consommation en électricité annihilée.
Dernier exemple avec une agricultrice bio céréalière et boulangère en circuit court, qui dispose de 15 ha de SAU . Son site étant éloigné des réseaux d’électricité le besoin de créer de l’énergie sur place apparaît comme une évidence. La transformation du pain sur la commune voisine située à 10km, occasionne des déplacements fréquents. Le diagnostic a mis au jour que 34% de l’énergie consommée est liée à l’utilisation du fioul pour les tracteurs et la moissonneuse batteuse. D’autre part, 26% sont dus à la consommation de l’électricité pour la transformation du pain et 22% à la consommation de produits pétroliers utilisés pour le transport des marchandises.
Les actions d’amélioration envisagées sont donc : la mise en place d’une installation photovoltaïque en site isolé,
la réduction des distances entre le siège social et l’atelier de transformation,
la réduction des déplacements en tracteur,
l’amélioration de la maîtrise de l’énergie via l’optimisation des réglages du tracteur.
L’installation photovoltaïque est subventionnée par le PCAE et permettra à la ferme de ne consommer que de l’électricité solaire renouvelable. Le regroupement des activités permettra quant à lui de réduire de 38% les consommations de gasoil. Il est à noter que l’installation d’un système de production électrique en site isolé oblige à surveiller au plus près ses habitudes de consommation. Il devient nécessaire de faire preuve de sobriété et d’efficacité, donc non seulement consommer de l’énergie propre, mais aussi en moindre quantité pour satisfaire un même besoin.
Si vous-même souhaitez améliorer les performances énergétiques de votre ferme, n’hésitez pas à contacter un conseiller IRAEE.
Si vous êtes impatient de savoir de quelles améliorations énergétiques peut bénéficier votre ferme, vous pouvez d’ores et déjà avoir un aperçu de votre situation en réalisant un autodiagnostic en ligne sur : www.jediagnostiquemaferme.com
Il ne vous prendra qu’une dizaine de minutes et de plus un tutoriel en vidéo peut vous guider pour encore plus de simplicité :
Pour plus d’information contacter votre conseiller :
Didier Jammes – Bio de Provence-Alpes-Côte d’Azur
04 26 78 44 41 – didier.jammes@bio-provence.org
La FNAB s’investit depuis 2016 sur la thématique Énergie Climat. Dans ce cadre-là, un groupe technique (GT) spécialisé sur les liens entre AB, économie d’énergie, réduction des gaz à effet de serre (GES) et stockage du carbone dans les sols a été mis en place, sous la direction de Didier Jammes, chargé de mission Agriculture, énergie, environnement à Bio de Provence-Alpes-Côte d’Azur.
Le GT Bio Énergie Climat (GT BEC) a publié en novembre 2017 un premier recueil de témoignages, qui cherche à faire un point non exhaustif sur les pratiques innovantes en agriculture biologique favorables au climat. Quatre témoignages du recueil proviennent notamment d’agriculteurs biologiques de la région Provence-Alpes-Côte d’Azur.
Cliquez-ici pour télécharger le recueil :
Recueil sur les "Pratiques favorables au climat" du GT Bio Energie Climat
Pour en savoir plus, visionnez la conférence de Jean JOUZEL « L’agriculture bio, une chance pour le climat » qui s’est tenue au salon « La Terre est notre métier » à Retiers en Bretagne le 29 septembre 2016.