Gérard Daumas : "La solidarité doit être de mise"

Par Gérard Daumas, Président d’Agribio 04

À notre grand regret, nous avons dû, cette année, organiser une Assemblée Générale hors du commun. Pour la première fois, nous avons dû la faire dans la sobriété et surtout sans le côté convivial que nous souhaitions lui donner, notamment avec la conférence grand public : moment d’ouverture, de partage et d’information qui avait connu un grand succès les deux années précédentes.

Dans le contexte d’incertitude et de morosité que nous subissons nous pouvons sourire un peu en disant que c’est le 1er produit « made in China » qui a une durée de vie aussi longue. En revanche, les conséquences dramatiques sur la population mondiale ne peuvent que nous pousser à prendre les choses au sérieux. Comprendre comment nous en sommes arrivés là et chercher des solutions pour surmonter cette épreuve me semble les clefs nécessaires de cette sortie de crise.

Prouvant que nous ne sommes en aucun cas « les maitres du monde », cette petite bestiole, seulement visible par les scientifiques avec des moyens sophistiqués, a fait basculer l’ordre établi, basculer notre façon de vivre et mis à genoux l’économie mondiale en quelques jours.

Mais pour les agriculteurs pas de confinement possible, et si ce n’est prendre le maximum de précautions en ces temps de crise, nous devons jouer un rôle essentiel, majeur et primordial qui doit être reconnu et apprécié.
À l’heure actuelle, les dirigeants de tous les pays veulent relancer l’économie (enfin, leurs visions de celle-ci !) en injectant des milliards d’euros, de dollars, de yens… en toute inconscience dans des entreprises d’un monde fini pour que tout recommence comme avant.

Visiblement, c’est un mécanisme salvateur de la planète qui s’est déclenché, permettant à celle-ci de respirer et de rendre la vie à une nature sans cesse agressée.
Retrouver le contact avec la planète amicale qui nourrit le vivant dans toutes ses fermes est maintenant indispensable, le temps de retour à son écoute est venu.
Décisions collectives, prises de conscience dans le calme, la réflexion et le respect du vivant me semblent des réponses appropriées.

Seul sujet de l’actualité des médias, ce virus occulte la catastrophe climatique qui avance un peu chaque jour.
Sècheresse, tempêtes, inondations vont limiter les récoltes, détruire nos stocks et amener une pénurie alimentaire.
La catastrophique gestion de la Politique Agricole Commune menée depuis soixante ans a poussé à la faillite 30 000 exploitations agricoles par an, au détriment de l’économie locale basée sur les échanges et l’entraide. L’industrialisation de l’agriculture a permis de produire une nourriture peu chère car elle ne prenait pas en compte la fracture écologique que nous recevons aujourd’hui.

Pour beaucoup d’entre nous, cette épreuve amène à la réflexion. Les consommateurs viennent vers nous et certains nous proposent leur aide bénévolement car ils ont compris qu’un autre monde était en train de naitre.
Mais déception ! Les marchés ont été supprimés sur ordre de l’exécutif laissant leur tenue à la responsabilité des maires qui pour la plupart ont eu peur. Mais il faut les comprendre, les maires ! Trainés devant le tribunal administratif pour avoir préservé la santé des habitants de leurs villages en prenant des arrêtés anti-pesticides. On peut comprendre qu’ils ne veulent pas avoir des morts sur la conscience en allant à l’encontre des décisions parisiennes.
Malheureusement, les chevriers locaux qui débutaient leurs productions ont été fortement pénalisés et ne seront jamais aidés à la hauteur de leurs pertes.

Face à de telles incohérences, plus que jamais la solidarité agriculteurs-consommateurs doit être de mise et beaucoup d’initiatives vont dans ce sens.
Il y a tout de même des zones d’ombre notamment dans les grandes villes où la précarité alimentaire commence à se faire sentir. L’augmentation des prix ne peut se justifier que dans la mesure des frais supplémentaires occasionnés par la gestion de cette crise, pas dans le domaine de la spéculation.

C’est le début d’une période difficile que nous abordons. Sans prise de conscience de la situation actuelle, répéter les erreurs du passé conduirait inévitablement à une piqûre de rappel encore plus douloureuse.

La crise économique ouvrira la voie à une crise sociale, sachons garder notre calme, évaluons les problèmes, apaisons les tensions, acceptons l’aide de ceux qui nous la propose et de ce monde qui est en train de se mettre en place. Ne nous contentons pas seulement d’entre être les acteurs, les innovateurs, faisons de l’agriculture biologique un vecteur de paix sociale.
En résumé, soyons en la LUMIÈRE.

Bon courage à tous,

Gérard DAUMAS
Président d’Agri Bio 04

Agribio 04
Village Vert
5 Place de Verdun
04 300 FORCALQUIER

Email : agribio04@bio-provence.org
Tel. 04 92 72 53 95

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