PRATIQUES FAVORABLES AU CLIMAT : Retours sur la visite de la Ferme de Baumugnes du lundi 20 mai 2019

Le 20 mai dernier, Bio de Provence-Alpes-Côte d’Azur organisait la deuxième visite de son cycle de visites de fermes aux pratiques favorables au climat.

C’est sous un temps pluvieux que s’est déroulée celle de la Ferme de Baumugnes. Ainsi les échanges se sont faits dans la fromagerie et le bâtiment d’élevage, principaux sujets de la visite.

Didier Jammes, responsable du pôle Agroenvironnement Énergie Climat à Bio de Provence-Alpes-Côte d’Azur, a débuté par une présentation du projet de visites de fermes, avec une introduction sur les changements climatiques, la consommation d’énergie et les émissions de gaz à effet de serre, puis a parlé de l’inter-réseau IRAEE ainsi que du pôle Agroenvironnement Energie Climat de Bio de PACA.

Résumé des chiffres évoqués concernant la Ferme de Baumugnes :

Entre 2010 et 2018, la ferme a réussi a diminué de moitié sa consommation d’énergie électrique.

Une augmentation du chiffre d’affaires a été permise par 2 facteurs :

- une augmentation de la production laitière d’environ 10 000 litres de lait supplémentaires vendus à Biolat (nouveau circuit de commercialisation) ;

- une augmentation des aides PAC du fait de la constitution d’un GAEC entre Baptiste et Cécile (passage pour Cécile de conjointe d’exploitant à associée d’exploitation).

À cause des dégradations causées par les sangliers sur les surfaces en orge, le GAEC a dû racheter des céréales, du coup l’autonomie alimentaire du troupeau n’a pas pu être atteinte en 2018. La production des surfaces fourragères pourrait aussi très nettement augmentée si les troupeaux d’herbivores sauvages (biches) ne venaient pas régulièrement brouter dans les prairies. Le rendement potentiel des prairies est facilement de 6 tonnes par an alors que la production actuelle est bloquée à environ 3,5 t.

À ce sujet, Baptiste et Cécile éprouvent le besoin d’une régulation plus ferme du gibier.

Les émissions de GES ont augmenté entre 2010 et 2018, du fait de l’augmentation du nombre de vaches laitières, mais le ratio téqCO2/L de lait est resté stable.

La commercialisation du lait

Il faut environ 10 litres de lait pour produire 1 kg de tomme.

Baptiste et Cécile observent qu’en parallèle de leur vente en direct, il y a de plus en plus d’opportunités locales pour la vente de leurs produits, notamment dans un magasin de producteurs « Mon Paysan Alpin » à Veynes. De ce fait ils ont arrêté la livraison dans les 4 Biocoop du bassin gapéen. Grâce à cette réorientation des circuits de commercialisation, les consommations de gasoil pour la commercialisation des produits ont été fortement réduites.

Etre isolés de la route ne les avantage pas, c’est pourquoi ils misent sur la vente en magasin de producteurs pour valoriser leurs produits.

Charles Mongeon, thermicien, a émis l’idée de créer des plateformes logistiques alpines allant de Gap jusqu’à Genève pour favoriser la commercialisation.

Les autres pratiques sur la ferme

Baptiste utilise de plus en plus la ressource fourragère issue des arbres (frênes principalement, mais aussi saules et peupliers) pour nourrir les vaches avec le feuillage lorsque l’herbe est trop sèche en été. Il récupère ensuite le bois pour le chauffage de sa maison. La manipulation de ces arbres est dangereuse. Le frêne en bord de parcelle permet particulièrement d’absorber l’eau. Baptiste envisage de replanter de plus en plus de frênes dans ses parcelles, en bord de parcelle ou sur les zones humides, pour que les arbres en bénéficient tout en assainissant le terrain. Il devrait ainsi garantir l’autonomie alimentaire du troupeau en été si les aléas climatiques futurs s’aggravent.

Baptiste et Cécile ont pour projet de finaliser les investissements du séchage de foin en grange avec souffleur et panier. Tout est presque prêt, il ne reste plus qu’un investissement en matériel (environ 4 000 €) pour finaliser l’installation. Avec la possibilité de sécher le fourrage en grange, le GAEC se dédouanera des conditions climatiques et renforcera encore l’autonomie alimentaire du troupeau grâce à l’amélioration de la qualité des fourrages. De plus l’air sec du territoire en été n’imposera pas l’installation d’un système de chauffage de l’air. De ce fait
la consommation nouvelle d’énergie sera faible et concernera seulement le système de ventilation.

En plus du foin, les vaches sont parfois nourries avec des écarts de tri et grains cassés de lentilles et de pois chiches provenant d’un producteur voisin. Le lait devient beaucoup plus riche durant l’utilisation de cette ration !

Baptiste et Cécile souhaitent rendre leurs bâtiments toujours plus performants pour pouvoir vendre à leur retraite un lieu de travail attractif et optimal.

La visite s’est terminée dans la boutique, avec une dégustation de tomme et de gruyère pour alimenter les discussions qui se sont poursuivies.

Retrouvez le document technique de la visite :

Ferme de La Durette
556 Chemin des Semailles
Quartier Montfavet - BP 21284
84 911 Avignon cedex 09
Tél. : 04 90 84 03 34
contact@bio-provence.org