Témoignage de Samantha Chauvin, éleveuse au GAEC Poule & Co (Vaucluse)

Parle-nous un peu de ta ferme

Nous sommes en GAEC avec mon épouse et nous avons un aidant familial et un apprenti depuis fin 2019. Nous élevons de la volaille pour produire des œufs bio, des poulets bio, de la pintade bio. Nous travaillons en grande partie en circuits-courts avec les AMAP, le marché et quelques restaurateurs quand ils étaient ouverts. Nous venons aussi de commencer à travailler avec Agrilocal. Nous avons notre numéro Siret depuis 2017, en 2016 nous étions en couveuse d’entreprise avec l’espace test agricole dont Agribio84 est partenaire.

Ton rôle au sein d’Agribio84 ?

Les actions à Agribio84 : en 2020 j’étais référente sur les ressources humaines et sur la volaille. A ce titre, j’ai participé à la commission volailles de la FNAB l’année dernière. Ça demande un grand déplacement à chaque fois et donc c’est un peu compliqué pour lâcher la ferme une journée complète.
Au sein du GIEE nous avons un travail plus local. C’était un besoin d’avoir un référent sur le département en élevages de volailles car nous n’avions personne dans cette production, même pas à la chambre d’agriculture. Donc là pour le coup on a quelqu’un et en plus en bio. Certes ça exclut un petit peu les autres mais en même temps tant mieux, s’ils veulent s’installer et s’ils veulent de la référence c’est en bio ou rien. Donc ça motive à l’installation en bio, ce qui n’est pas plus mal.

Et vous faites quoi dans le GIEE ?

Sur le GIEE nous travaillons sur plein de choses passionnantes notamment la gestion économique : économiquement cela va être de gérer les sous-produits animaux que ce soit le fumier ou la carcasse. Donc l’objectif va être la valorisation des sous-produits parce-que les marges en volailles bio ce n’est pas terrible. C’est le seul élevage qui ne soit pas subventionné en aides à la PAC.
Nous essayons aussi de travailler sur les plans éthiques : ça va être par exemple de travailler sur une souche mixte en volailles poules pondeuses pour éviter de broyer les frères des pondeuses à la naissance. Donc l’objectif va être de développer une souche mixte pour valoriser les mâles en de la viande et ainsi permettre moins de broyage. Ça c’est pour le souci éthique de notre métier et même économique, je crois que ça rapporterait quelque chose. Bon après ça demande de modifier nos façons de travailler car ce n’est pas la même bête, il faut la garder sûrement plus longtemps pour qu’elle fasse autant de chair qu’une race de volaille de chair classique et il faut que ça soit bon gustativement pour le consommateur bien sûr. Nous avons plein d’autres projets, la transformation notamment. Nous, nous ne sommes pas concernées mais ça va être la valorisation des pondeuses une fois qu’elles ont fini de pondre en terrines. Jusque-là nous n’avons pas été concernés parce que nous ne voulons pas les tuer donc on les fait adopter par des particuliers. Cette année par contre ça risque d’être plus difficile de les faire adopter.

Un mot pour conclure ?

Agribio84 c’est surtout une question de réseau. Que ce soit le CA ou le GIEE c’est une question de créer du réseau, d’avoir le moyen de discuter entre éleveurs ou entre agriculteurs avec les maraichers. Pour pouvoir échanger sur nos pratiques ou même notre vie. Ne pas se sentir seul. Pour ce qui est du CA, c’est surtout ça l’intérêt premier en tous cas, et ce n’est pas celui qui est le plus développer quand on en parle. Celui qu’on va mettre en avant normalement c’est se dire que c’est bien de porter la structure, de promouvoir l’agriculture biologique et tout ça mais en vrai nous avons toujours des bénéfices personnels et je dirais que c’est de pouvoir rencontrer d’autres agriculteurs, d’avoir des temps pour soi ou on va parler ou militer. Ce n’est peut-être pas l’argument qu’on devrait donner en premier mais il fait partie de la viabilité de notre métier quand même. »

Samantha Chauvin et sa fille

Propos recueillis par Meige Beguine, service civique à Agribio84