Groupe Dephy maraîchage bio : 2 ans !

La base du travail (en collectif et en suivi individuel) est de comprendre le fonctionnement de la fertilité du sol.

2018 - Une année pour la fertilité des sols maraîchers

Un sol qui ne réagit pas aux apports fertilisants ? Une future parcelle maraîchère qui a encore un petit air de prairie en chantier ? Un tunnel dans lequel les salades ne poussent plus ? Ou encore l’épineuse question de savoir comment passer en planches permanentes ? …
Ces interrogations sont fréquentes pour les maraîchers bio. Leur point commun ? Elles concernent toutes la fertilité du sol – l’allier principal de l’agriculture biologique. Dans le groupe Dephy Légumes animé par Agribio 84 et 13, nous avons choisi de prendre ces questions à bras le corps : L’année 2018 est rythmée par une formation personnalisée pour le groupe Dephy, dans laquelle intervient Karim Riman, agroécologue spécialiste des sols. Il s’agit pour chacun des maraîchers impliqués d’explorer les pratiques qui vont lui permettre de gérer des problèmes agronomiques en améliorant la fertilité du sol, dans une parcelle précise de son exploitation.
En fin d’année, les réussites et les ratés des ces nouvelles pratiques seront partagés ; et des pistes d’ajustement seront réfléchies.

La base de ce travail est de comprendre le fonctionnement de la fertilité du sol.

Il y a la fertilité minérale, qui se traduit dans la teneur et la qualité des différents nutriments fondamentaux à la croissance des cultures. Le phosphore, par exemple, essentiel pour les jeunes plantes et dans la synthèse des glucides, existe sous plusieurs formes plus ou moins assimilables dans le sol. La plupart des analyses de terre donnent une teneur du phosphore mesurée par la méthode Olsen qui ne prend en compte que les phosphores solubles dans l’eau. Mais il y a des phosphores absorbés dans le complexe organo-minéral qui représentent une part plus importante que le phosphore solubles. Ces phosphores, mesurés par la méthode Joret-Hébert, sont échangeables et assimilables ; il contribuent donc à la nutrition des plantes. Au moment de faire des apports d’engrais ou d’amendements, il est donc intéressant de connaître la teneur de ces deux types de phosphores : parfois il est préférable de réduire les apports en phosphore. D’autant plus que les mycorhizes – imbattables alliées des agriculteurs – ne colonisent pas un terrain s’il y a un excès de phosphore soluble !

Couvert de vesce sur du broyat de cyprès Couvert de vesce sur du broyat de cyprès

Célèbre en AB, il y a aussi la fertilité organique, représentée notamment par le taux de matière organique. Cette matière organique est indispensable au bon fonctionnement d’un sol. Comme une fraction de cette matière organique est minéralisée chaque année, c’est elle qui va assurer la nutrition des plantes en AB. Elle prend un grand nombre de formes dans le sol : elle peut être plus ou moins élaborée (des particules plus fines) ou brute (des résidus non décomposés), et ainsi plus ou moins liée aux argiles ou au contraire libre. La matière organique dite libre va servir de nourriture à la biologie du sol, tandis que celle qui est liée va venir renforcer la stabilité structurale. En maraîchage, on dit qu’il faut environ 2/3 de MO liée et 1/3 de MO libre. Les apports organiques peuvent augmenter le taux de MO liée (apports plutôt ligneux) ou de MO libre (apports d’hémi-cellulose, ou de MO soluble).

On voit donc que la fertilité organique est aussi très liée aux fertilités physique et biologique qui intéressent de près le groupe Dephy.
Sans fertilité physique, produire devient la guerre au tassement et à l’asphyxie racinaire. La fertilité physique, c’est une structure du sol poreuse qui se maintient dans le temps. Cette fertilité aussi est essentielle : sans structure poreuse, les racines des cultures ne peuvent pas se développer, et ni l’eau qui transporte les nutriments, ni l’air qui permet à la vie du sol de travailler ne peuvent circuler. Les apports d’amendements qui vont augmenter le taux d’humus du sol sont la clé de voûte de la fertilité physique. Les couverts végétaux aux systèmes racinaires puissants (types céréales) y contribuent aussi largement. Ce n’est pas pour rien que les maraîchers du groupe Dephy cherchent à ensemencer leurs intercultures avec des engrais verts. Car laisser un sol nu pendant une interculture, c’est lui offrir un voyage vers l’auto-tassement et la battance – surtout dans nos terroirs parfois très limoneux.

Test bêche Test bêche

Et voici, en fin d’article, la diva taquine des quatre fertilités : la fertilité biologique. Dans le groupe Dephy, il n’y a pas plus recherché que la vie du sol. Elle ne va pas toujours se montrer de la façon dont on l’attend. On espère avoir des vers de terre, mais ce sont des minuscules collemboles qui remuent sous la bêche. On cherche les turricules à la surface, et ce sont des formes grumeleuses que l’on va apercevoir sur les mottes. Quant aux bactéries, impossible de les voir, et n’espérez même pas faire connaissance avec une mycorhize ! Pourtant, lorsqu’on adopte des pratiques qui visent à nourrir le sol sur le long terme (en associant aux engrais bios des amendements, du broyat de déchets verts et des couverts végétaux) et à le protéger (en réduisant les passages d’outils animés, en le gardant couvert), alors l’activité biologique foisonne. Dans des sols à faibles teneurs en oligo-éléments solubles (Fer et Bore, par exemple), l’activité des bactéries va les rendre biodisponibles. De même, dans un sol accueillant une micro-faune variée, les pathogènes vont être moins virulents sur les cultures, d’une part car ces micro-organismes vont rendre assimilables les éléments nécessaires à l’immunité des plantes, et d’autre part car la niche écologique des pathogènes sera déjà bien utilisée par les micro-organismes bénéfiques ; ils ne pourront donc pas s’y multiplier.

Comprendre la fertilité du sol est le premier pas pour améliorer ses pratiques : Au cours de l’été 2018, chaque producteur Dephy essaye une nouvelle technique adaptée à sa situation. L’expérience permettra de dire comment ajuster ses méthodes culturales pour répondre à la fois à l’enjeu de produire et à la volonté de travailler en intelligence avec son sol.

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