Retour sur la Journée de la Bio 2025

28 mars 2025 Jusqu'à 31 octobre 2025

La première journée de la BIO des Alpes-de-Haute-Provence

Le 28 mars 2025, Agribio 04 a réuni une cinquantaine d’agricultrices, agriculteurs et partenaires de la bio locale à la Ferme Les Charentais, à Pierrerue, en élevage ovin viande et culture de tournesol bio. L’équipe d’Agribio, administrateurs et salariés, était très heureuse de proposer ce tout nouveau format, qui se voulait plus convivial et informel, tout en gardant l’esprit et les objectifs d’Agribio04 : défendre, promouvoir et développer une agriculture biologique sur le territoire, une agriculture pour préserver nos terres, notre environnement, notre santé et les générations futures. Cette journée a été l’occasion de présenter les actions d’Agribio04, qui sont le reflet des besoins des agriculteurs bio du territoire, de ses adhérents et de ses partenaires.

Agribio 04 aujourd’hui, c’est qui, c’est quoi, c’est combien… ? En quelques chiffres, 2024 c’est :

  • 156 adhérents, dont 143 productrices et producteurs
  • 5 salariés, accompagnées de ses forces vives - stagiaires et services civiques-,
  • 11 agriculteurs et 1 salariée Biocoop qui composent le conseil d’administration,
  • Une importante présence de terrain avec 44 parcelles suivies ,
  • Un organisme de formation majeur dans le département avec 30 formations VIVEA.

Des ateliers de terrain sur la ferme ont permis, à la fois de présenter plus en détail les projets de l’association, mais aussi de découvrir les pratiques et les enjeux sur le GAEC des Charentais :

  • Un atelier sur le sol : description par Victor Frichot d’un profil de sol réalisé dans une parcelle de céréale, avec une évaluation des pratiques sur la fertilité du sol en fonction des outils de travail du sol utilisés,
  • Un atelier sur la luzerne : retour sur les travaux en cours (Agribio, Arvalis, Maison Régionale de l’Elevage) sur le phytonome de la luzerne, ravageur de plus en plus problématique,
  • Un atelier sur les haies : présentation des haies composées d’arbres champêtres implantées sur l’exploitation, destinées à favoriser la biodiversité et lutter contre l’érosion, et de l’accompagnement proposées par Agribio04 à partir de 2025 sur la recherche de financements à la plantation d’arbres pour les agriculteurs,
  • Un atelier élevage ovin viande : présentation de la stratégie des éleveurs en termes d’autonomie alimentaire et de l’approche engagée par les éleveurs, avec l’accompagnement d’Agribio05, sur la bioélectronique pour mieux gérer la santé du troupeau.

La ferme des Charentais en 5 règles fondamentales, selon Philippe Pointereau

Eric et Florian Jean, père et fils, sont des exploitants heureux et fiers de leur métier, avec un troupeau de 300 brebis Préalpes du Sud qui occupe 55 ha. Comment vivre à deux avec des brebis viande sur une surface modeste ? Démonstration. C’est Philippe Pointereau, présent sur la journée, agronome, expert en agroécologie et nouveau président de la fondation Terres de Lien, qui nous fait cette analyse :

  • La première règle est d’être le plus autonome possible : tous les aliments des brebis sont produits sur la ferme ; prairies permanentes, luzerne, prairies temporaires à base de céréales et de légumineuses qui peuvent être pâturés ou récoltés en grain, sorgho fourrager pâturé l’été. Les aliments sont produits sur la ferme : mélange avoine noire/vesce ou orge/ers et tourteau de tournesol.
  • La deuxième règle est de diversifier autant que possible les productions. Même si la viande reste la production dominante, une première diversification s’est faite en 2010 avec l’introduction du tournesol (5ha) et la production d’huile à partir d’une presse. Mais le GAEC vend aujourd’hui aussi des pois chiches, des graines de tournesol pour l’apéritif et même du popcorn (0,1 ha). La presse est utilisée à façon pour d’autres producteurs et d’autres graines oléagineuses.
  • La troisième règle, suite de la seconde, est de commercialiser en circuits courts. Tous s les agneaux sont vendus en caissette en direct, dans des restaurants et en magasin de producteurs à Forcalquier, avec 3 agnelages pas an ont été mis en place.
  • La quatrième règle est d’expérimenter pour adapter continuellement le système et le rendre plus résilient, notamment au changement climatique. Parmi les dernières innovations, l’arrêt du labour en 2019 remplacé par un travail superficiel à 5 cm et la mise en place de couverts végétaux. L’implantation de 800 m de haies s’est faite en 2024. Parmi les difficultés le contrôle du phytonome, ravageur de la luzerne. Eric et Florian teste le sur-semis d’avoine à l’automne, le pâturage ou le broyage de la première coupe.
  • La cinquième règle est de se former. Florian participe à un groupe GIEE sur l’autonomie des élevages, animé par Agribio05, ainsi qu’à un groupe 30 000 sur l’agriculture de conservation en bio (ABC-Sud), animé par Agribio04.

Une conférence sur l’agriculture bio face aux enjeu de santé et d’environnement

Cette journée de la bio s’est clôturée par une conférence, dans la salle polyvalente de Saint-Maime, suivie d’une soirée festive en musique. Ce sont donc 120 personnes qui ont assisté à la conférence « Agriculture biologique : un enjeu de santé publique ? » animée par Philippe Pointereau, avec d’autres invités ; Michel Dalmasso, élu au Conseil Départemental, Bojan Scheurer et Pierre Albouy pour présenter le travail de l’ADEAR04 sur la restauration collective. Il a été question d’échanger avec l’ensemble de ces intervenants sur l’agriculture à l’échelle nationale, la place du bio, les questions de santé publique.

Les terres agricoles sont toujours sous pression de l’artificialisation, les rendements agricoles baissent, les revenus des agriculteurs sont très inégalitaires en fonction des filières de production, la balance agricole et agroalimentaire française est importatrice (en comptant le bois et les biodiesel), 15% des français ne mangent pas à leur faim, les maladies chroniques sont toujours en hausse, nos ressources en eau sont de plus en plus contaminées par les pesticides. Que faire ? Une politique nutritionnelle a été mise en place en France, elle prévoit : de répondre au défi de réduire les inégalités sociales et la précarité alimentaire, de diminuer le surpoids et l’obésité, d’interrompre la croissance de la consommation des produits ultra-transformés, de diminuer la consommation de viande rouge, de charcuterie, de poisson et, enfin, de privilégier des aliments produits selon des modes de production diminuant l’exposition aux pesticides. Ce sont donc des recommandations émanant de l’ANSES, du Haut Conseil de Santé Publique et de Santé Publique France, et l’agriculture bio y répond pleinement ! Aussi, en 2018 est née la loi Egalim, qui indique que depuis 2022 les repas servis en restauration collective doivent comprendre 50 % de produits de qualité et durables, dont 20% issus de l’agriculture biologique ou en conversion avec un repas végétarien hebdomadaire. Depuis le 1er janvier 2024, cette obligation est étendue à toute la restauration locale des entreprises. Or, ces pourcentages sont loin d’être respectés, au niveau national comme localement dans les Alpes de Haute-Provence. Bien que des efforts soient engagés, il reste encore beaucoup de travail pour la faire respecter localement, alors que les producteurs sont, eux, prêts à répondre présents sur ce débouché. L’enquête Nutri-Net Santé a aussi montré que le régime alimentaire d’un consommateur bio répond aux enjeux d’ « empreinte surface » (son régime alimentaire occupe moins de surfaces agricoles pour une alimentation de meilleure qualité), d’émission de gaz à effet de serre et d’empreinte carbone. L’alimentation bio doit donc être plus accessible et plus consommée ; les consommateurs ont certes une part du travail entre leurs mains, mais c’est sans oublier les pouvoirs publics qui ont un rôle très important à jouer. Il est donc crucial, côté agricole, de mobiliser tous les leviers pour aller vers l’agroécologie et l’agriculture bio. On change notre assiette, mais on change aussi les pratiques agricoles. L’un ne va pas sans l’autre : une assiette plus végétale, des pratiques plus agroécologiques. C’est le travail et défi d’Agribio04 pour l’agriculture et l’alimentation locale.

La présentation de Philippe Pointereau est disponible ICI

Rendez-vous en 2026 pour une nouvelle édition !

Agribio 04
Village Vert
5 Place de Verdun
04 300 FORCALQUIER

Email : agribio04@bio-provence.org
Tel. 04 92 72 53 95

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