Ateliers Bio de Provence est une entreprise spécialisée dans la production de pâtes fraîches biologiques depuis 1985. Basée à Carpentras, elle développe des recettes inspirées du terroir provençal et fait de l’approvisionnement local une de ses priorités.
Alain Bonnefoy est céréalier à Reilhanette (26) et fournisseur des Ateliers Bio de Provence en farine de petit épeautre.
LES ATELIERS BIO DE PROVENCE
Racontez-nous l’histoire de votre entreprise, ses spécificités et ses produits… Quelles sont vos motivations ?
Notre entreprise de pâtes fraîches biologiques, commercialisées sous la marque Coquelicot Provence, a été créée en 1985 à Uzès par un pionnier de la bio et de l’alimentation vegan. Il avait un petit atelier produisant des produits au tofu et sans œufs distribués notamment chez Biocoop. Lorsque le fondateur a souhaité cesser son activité, nous avons repris l’entreprise fin 2003. Nous avons construit un site à Carpentras qui pouvait accueillir de plus gros volumes et développé la gamme avec des pâtes au fromage, aux œufs… Nous sommes restés 100% bio et avons fait face à la demande des magasins spécialisés. Afin de diversifier nos débouchés, nous avons développé une activité de livraison de raviolis en vrac à des conserveurs ainsi qu’en gros conditionnements pour la restauration scolaire. Une petite partie de notre production est vendue en direct aux grandes et moyennes surfaces sous la marque « Les artisans du bio ». L’AB pour se développer doit se massifier, mais il faut que ce changement d’échelle soit aussi le fruit d’entreprises historiques qui ont des valeurs, sinon nous avons l’impression qu’il y a un peu d’âme qui se perd au passage…
Comment faites-vous pour favoriser l’approvisionnement bio et local au sein de votre entreprise ?
L’approvisionnement bio n’est pas un problème, le local l’est plus car nous sommes des seconds transformateurs. Nous ne trouvons pas ou très peu de semoule de blé dur en France : les gros semouliers sont espagnols et italiens, ce qui reste proche et logique car le blé dur pousse dans l’arc méditerranéen. Dès qu’un produit est sourçable en France, nous le privilégions. A part la semoule et les épices, la majeure partie de nos matières premières viennent de France : fromage, œufs, légumes, petit épeautre… C’est dès la conception de la recette que nous cherchons à introduire des ingrédients locaux. Nous utilisons par exemple du fromage de brebis fabriqué en Ardèche ou de la meule de Savoie plutôt que du Gorgonzola dans nos ravioli.
Quels sont selon vous les avantages de ce choix du bio et local ?
C’est une question d’éthique, nous travaillons pour les générations futures… Travailler avec un agriculteur local cela a du sens à la fois en termes d’impact sur l’économie locale, pour réduire le transport des matières premières et pour élaborer des recettes originales aux saveurs typiques de Provence.. Pour nos clients il y a également une quête de sens, c’est une tendance forte : le bio et le local
Pouvez-vous décrire vos relations avec les agriculteurs bio ?
Nous travaillons avec le céréalier Alain Bonnefoy car il possède un moulin de pierre pour fabriquer sa farine de petit épeautre. Tous les fromages de brebis proviennent d’une fromagerie ardéchoise : un berger qui est devenu récolteur et a monté son entreprise. Dès qu’un agriculteur se lance dans de la première transformation, nous essayons de l’aider. C’est en ce sens que nous soutenons la campagne « Manger Bio et Local c’est l’idéal ». Mais dans la production de masse - nous fabriquons maintenant 500 tonnes de pâtes - nous ne pouvons pas acheter au petit producteur local, nous car nous devons passer par un premier transformateur (semoulier, légumerie...)
Que diriez-vous aux consommateurs qui n’ont pas encore franchi le pas pour les convaincre de manger non seulement bio, mais aussi bio local ?
S’intéresser à ce que nous mangeons nous amène à cuisiner, à essayer de manger de saison… et je pense que cela est extrêmement agréable. C’est un moyen de partager, de se soigner, d’être créatif... A partir du moment où nous nous réapproprions notre alimentation, nous nous intéressons naturellement aux produits bio. Après découle le local, car le bio est aussi une démarche citoyenne, où on cherche à respecter les saisons et à réduire les distances et les intermédiaires avec le producteur.
ALAIN BONNEFOY
Depuis combien de temps êtes-vous installé en agriculture ?
J’ai repris en 2007 la ferme de mes parents pour cultiver du petit épeautre sur la majorité de nos 90 hectares de terre étendus sur le Vaucluse, la Drôme et les Alpes-de-Haute-Provence. Depuis, nous cultivons également quelques variétés peu connues pour en extraire les graines ou l’huile (cameline etc)
Quand avez-vous choisi de travailler en agriculture bio et quelles ont été vos motivations ?
Il y a 20 ans, nous avons commencé à acheter et transformer du petit épeautre bio pour d’autres agriculteurs. Il faut en effet ôter la première peau du petit épeautre pour qu’il soit consommable soit entier, soit sous forme de farine.
Etant témoin de l’évolution du marché, en 2009 j’ai décidé de basculer notre propre exploitation intégralement en bio.
Mais même avant cela, nous avions toujours eu une démarche favorable à la bio car nous ne traitions pas nos cultures. La conversion à la bio était donc plutôt simple techniquement et assez évidente pour nous.
Comment commercialisez-vous vos produits ? Pourquoi ?
Nous vendons principalement nos récoltes en petit-épeautre aux meuniers et la farine issue de nos ateliers de transformation aux boulangers. Une autre partie de notre production est destinée aux Ateliers Bio de Provence pour la production de pâtes.
Pouvez-vous décrire vos relations avec l’entreprise Ateliers Bio de Provence ?
Cela fait plus de dix que nous fournissons Ateliers Bio de Provence en petit-épeautre. Ils y trouvent un intérêt car nous travaillons sur l’intégralité de la filière, du champ jusqu’à la farine. Notre appellation Indication Géographique Protégée sur une partie de notre production permet de répondre à la demande de certains clients comme Ateliers Bio de Provence qui cherchent des produits locaux provençaux. L’appellation IGP leur permet donc de certifier que leurs pâtes sont bien locales. Travailler Ateliers Bio de Provence m’offre un débouché supplémentaire. En plus de fournir les meuniers et les boulangers, depuis plusieurs années ma production est valorisée par la fabrication des pâtes. C’est une autre utilisation que l’on fait de ma farine.
Que diriez-vous aux consommateurs pour les convaincre de manger bio et local ?
Manger bio est clairement meilleur pour la santé et manger bio local répond à une logique évidente. Nous sommes conscients que les prix sont plus élevés en bio, mais cela permet au producteur d’acquérir une rémunération plus juste.
Contact : http://www.coquelicot-provence.fr/
coquelicot@coquelicot-provence.com
04 32 85 02 30
150 Allée Bellecour, 84200 Carpentras