Le réseau des agriculteurs et agricultrices Bio
de Provence-Alpes-Côte d'Azur
Le réseau des agriculteurs et agricultrices Bio
de Provence-Alpes-Côte d'Azur
En septembre 2024, une commission Grandes Cultures Bio a été organisée par Agribio 04, rassemblant agriculteurs bio, collecteurs et transformateurs de la région Sud-PACA. Après avoir échangé sur le marché national de l’agriculture biologique, les participants ont pu réaliser un bilan de fin de campagne puis discuter des prévisions à venir pour la campagne 2024-25.
Les implantations ont été contrastées sur la région par un début d’automne relativement sec (décalage des créneaux de semis sur céréales à paille) et un printemps très pluvieux (perturbation du travail du sol, ressuyage lent, implantation des cultures de printemps difficile). Pour les surfaces irrigables, le maïs a permis de rattraper l’assolement.
Sur céréales à pailles, la pluviométrie bien répartie tout au long de l’année a permis un bon remplissage des grains et plutôt de bons rendements au détriment de la qualité. Les créneaux d’apports d’engrais ont été multiples et les apports bien valorisés. Les conséquences liées aux impasses d’engrais azotées ont été renforcées par des pluies répétées favorisant la lixiviation de l’azote vers les profondeurs et les nappes. Les pluies de fin de cycle en phase de remplissage ont favorisés les maladies (fusarioses), le mitadinage des blés durs (70% de mitadins en moyenne et 80% du blé dur bio déclassé en 2024) et la dégradation des PS (-1 point/10mm de pluie). Le marché du blé dur bio reste serré avec peu de débouchés et du stock issu de la campagne précédente.
La filière brassicole émergente sur le territoire via la Malterie Provence Alpes a commencé sa collecte avec 400 t d’orges brassicoles en 2024. Les taux de protéines sont plutôt bons cette année (moyenne de 10,7% de protéines sur 33 échantillons analysés par Agribio 04) mais les pluies de juin/juillet ont dégradées les PS (62,2 de moyenne) et les taux de grains calibrés (> 2,5mm).
Les minotiers bio de la région poursuivent leur approvisionnement régional à volumes constants mais ne permettent pas d’absorber tous les volumes produits localement. La demande nationale est en baisse sur les filières meunerie depuis deux ans. Compte tenu des volumes déclassés et de la baisse de production nationale, l’équilibre offre/demande sur des blés de qualité meunière pourrait peut-être faire remonter les cours d’ici les récoltes 2025.
Les fabricants d’aliments du bétail représentent un des principaux débouchés pour les productions issues des grandes cultures bio. La région Sud-PACA produit environ 20% de la production nationale bio d’aliments du bétail. Ces transformateurs régionaux font état d’une baisse de 18% de la production.
L’état actuel des filières non-bio permet d’éviter les déconversions puisque les cours actuels restent très bas malgré la plus faible récolte mondiale. La marge finale des fermes non-bio ne semble pas meilleure que les fermes bio dans la région, puisque le différentiel de rendement ne permet pas de couvrir les charges non-bio. Les déconversions observées concernent principalement les fermes en mixité où les cultures céréalières sont secondaires.
L’ensemble des partenaires présents à la commission ressentent un mal-être croissant des agriculteurs vis-à-vis de la situation économique avec beaucoup d’incertitudes sur les emblavements à suivre. Les agriculteurs font état d’un manque de trésorerie sur les fermes après la deuxième année consécutive avec des cours relativement bas.
Co-construction des assolements : Compte tenu de l’incertitude sur les marchés bio, il est recommandé pour les agriculteurs en filière longue de vous rapprocher de votre collecteur pour co-construire votre assolement. La contractualisation reste une piste pour sécuriser vos débouchés, tout en permettant aux collecteurs d’anticiper les prochaines moissons pour plus de visibilité sur le marché local.
Blé tendre de qualité : Les minotiers bio de la région font le constat d’avoir des blés de relativement bonne qualité, mais manquent de blés de force produits localement pour équilibrer la qualité des farines. L’enjeux réside dans la production de blé avec de bons taux de protéines. La variété de blé TOGANO semble bien positionnée à l’échelle régionale sur la teneur en protéine.
Orge brassicole : La Malterie Provence Alpes poursuit son approvisionnement et recherche des orges de qualité brassicole. Pour rejoindre la filière, vous pouvez vous rapprocher des collecteurs qui travaillent en partenariat avec la malterie : DURANSIA et PAYRE.
Cultures fourragères : Une des propositions formulées par les participants est de prolonger les cultures fourragères pluriannuelles pour limiter les charges d’implantation de nouvelles cultures avec des prix incertains.
Point de vigilance sur les cultures de diversification et sur la transformation à la ferme : des petits marchés qui ne permettront pas d’absorber des volumes trop importants (cf. crise du lavandin).
Gestion des adventices : Les précipitations du printemps 2024 ont générés de l’enherbement qui risque d’augmenter le stock semencier d’adventices dans le sol. Les agriculteurs.rices doivent rester vigilants sur la préparation du sol pour limiter l’enherbement sur la campagne 2024-25. Les faux-semis restent recommandés dans la mesure du possible (selon climat à venir).
Rédaction : Damien FORNENGO & Clémence RIVOIRE
Conseillers en Grandes Cultures biologiques pour Agribio 04 et le réseau Bio de PACA