Groupes d’échanges techniques sur les couverts végétaux : partager les réussites, les échecs et les idées

16 décembre 2016

A l’initiative d’Agribio, une quinzaine d’agriculteurs en céréales et lavandes, se sont réunis le 7 octobre dernier pour échanger sur leurs pratiques en termes de couverts végétaux et les confronter avec les connaissances des instituts techniques et de la recherche. La principale préoccupation : trouver des solutions sans herbicides en conditions méditerranéennes.

Parler de la mise en place de couverts végétaux dans les filières céréales et PPAM bios en conditions méditerranéennes est toujours délicat et périlleux, tant les contraintes ne manquent pas. A la contrainte de la gestion sans herbicide, se rajoute celle des aléas climatiques et des trop faibles pluviométries pour la majorité des exploitations qui n’ont pas accès à l’irrigation. Pourtant les producteurs en soulignent l’intérêt : couverture du sol, lutte contre l’érosion, limitation de l’évapotranspiration des sols au printemps et donc du stress hydrique, apport d’azote dans des systèmes qui en manquent bien souvent ou encore lutte contre le dépérissement en lavandin. Afin d’avancer sur l’acquisition de références sur l’introduction de couverts végétaux en bio en PACA, Agribio 04 a réuni quinze producteurs et des acteurs du développement agricole (Arvalis, CRIEPPAM, ISARA, CA 04) le 7 octobre dernier à Oraison. L’objectif était de partager collectivement les expériences de chacun et de définir une feuille de route pour les actions à mener dans les prochaines années.

De multiples stratégies d’introduction des couverts dans les rotations

Les producteurs ont exprimé des stratégies très variables (et changeantes avec l’évolution du climat !) pour l’introduction des couverts dans leurs rotations. Ces différentes stratégies demandent de simples adaptations de pratiques existantes ou parfois même des changements de systèmes plus complexes.
La stratégie la plus « simple » consiste à semer un couvert en interculture, c’est-à-dire entre deux cultures de vente. Entre deux blés, cela n’est possible qu’en présence d’irrigation pour assurer au couvert la possibilité de se développer et de produire suffisamment de biomasse pour répondre aux objectifs recherchés. Des espèces à cycles courts (moutarde, niger, radis, fénugrec...). En l’absence d’irrigation, seules des semis plus tardifs (fin aout, début septembre) ayant vocation à être détruits au printemps sont envisagés par les producteurs. Le radis, la phacélie, la vesce, la féverole, l’ers sont autant d’espèces identifiées par les producteurs comme intéressantes pour ce type de mélange. Bien que pouvant être un levier, le gel apparaît trop aléatoire pour espérer se passer complètement d’outils mécaniques de destruction. Dans le même ordre d’idée, un semis de trèfle sous couvert de blé en début de montaison de ce dernier et ayant vocation à être détruit avant le semis d’une deuxième paille est une pratique de plus en plus courante chez les producteurs. Il semble que semer tôt le trèfle (première quinzaine de mars) soit un gage de maximisation de l’assurance de production de biomasse.

Penser collectivement les solutions de demain pour faire progresser les filières bio
Ces solutions permettent certes d’apporter de l’azote, mais pas nécessairement en cohérence avec les besoins des cultures. Dans le cas d’un blé par exemple, 70% des besoins azotés sont pendant la montaison (de mi-mars à début mai). La destruction d’un couvert avant moisson ne permettra pas forcément une minéralisation de l’azote au bon moment, en particulier dans le cas de début d’automne chaud et pluvieux. En non bio, le CASDAR semis direct sous couvert végétal porté par la Chambre d’Agriculture 04, Arvalis et Agribio 04 a permis de montrer qu’il était possible de faire aussi bien, voire mieux, en semant un blé dans un couvert bien régulé, qu’en ayant un itinéraire technique classique avec labour. Mais cela reste très technique et dépendant des herbicides qui vont permettre la bonne régulation du blé en sortie d’hiver pour éviter les stress azotés et hydriques du fait d’effets de concurrence. En bio, les producteurs ont imaginé des solutions consistant à semer un blé à grand écartement (un rang sur deux ou deux rangs sur trois) dans un couvert déjà implanté. L’avantage du grand écartement reviendrait à pouvoir gérer mécaniquement le couvert dans l’inter rang du blé au bon moment, comme dans les systèmes de plante pérenne de type vigne ou lavandin désormais ! Si ce sont des idées séduisantes qui paraissent cohérentes sur le papier, elles nécessitent beaucoup d’expérimentations et de prises de risques pour les mettre au point. Le choix des couverts, leur mode de régulation et donc l’adaptation de matériel existants sont autant de question à aborder pour avancer. Cela ne pourra se faire que collectivement en mettant les bonnes idées et les savoirs des agriculteurs et organismes de développement et de recherche autour de la table ! L’ensemble des participants autour de la table a prévu de se revoir prochainement pour échanger sur tous ces aspects et partager leurs conclusions de leurs futures nouvelles expériences.

Mathieu Marguerie, Agribio 04

Pour aller plus loin : compte rendu de la réunion du 7 octobre

Agribio 04
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