Le réseau des agriculteurs et agricultrices Bio
de Provence-Alpes-Côte d'Azur

Les besoins en couverts végétaux dans la région PACA

Le projet Graines de Couverts, porté par l’ensemble du réseau Bio de Provence-Alpes-Côte d’Azur, vise à travailler sur les couverts végétaux, plus particulièrement sur l’acquisition de références techniques pour mieux accompagner les agriculteurs.rices sur la couverture des sols.
Une enquête a été réalisée début 2024 afin de mieux comprendre les pratiques, ainsi que sur les besoins en espèces de couverts végétaux.

Typologie des réponses à l’enquête

L’enquête diffusée entre le début et le milieu de l’année 2024 a permis d’obtenir 117 réponses, avec une grande proportion de maraichers (36%), suivis par des viticulteurs (28%) puis les autres filières.

Illustration : Nombre de réponses à l’enquête, réparties par filière majoritaire sur la ferme

Les fermes ayant répondu à l’enquête sont principalement situées en région PACA – sur 117 fermes, 3 sont situées hors PACA (2 dans la Drôme et 1 dans le Gard).

Illustration : Nombre d’agriculteurs ayant répondu à l’enquête par département, représentés par la filière majoritaire sur la ferme

L’enquête a ensuite été découpée par filières, permettant ainsi d’identifier les besoins en couverts végétaux par types de cultures.

Illustration : Nombre de réponses à l’enquête par filière et surfaces correspondantes - Le nombre total de réponses par filière est supérieur au nombre de réponses à l’enquête puisque certaines fermes ont déclaré avoir plusieurs ateliers de productions végétales concernés par l’implantation de couverts végétaux.

Les périodes idéales de semis des couverts végétaux par filière


Illustration : Périodes d’implantation des couverts végétaux sur les fermes par filière - La période « été » englobe les semis jusqu’à la fin de la saison, soit jusqu’au 20 septembre inclus.

En maraîchage, les semis d’été semblent être privilégiés puisque les couverts sont implantés après la campagne culturale – principalement sur la fin de l’été. Ce créneau peut permettre d’implanter des couverts d’été puisque la période estivale peut courir jusque courant octobre dans le climat du Sud de la région.
Pour les autres filières, la majorité des couverts végétaux sont implantés à l’automne, après les récoltes de la production principale.
Parmi les 144 réponses, 16 fermes (11%) ont répondu ne pas implanter de couverts végétaux sur l’atelier concerné. Cette enquête ne nous permet pas d’identifier la raison (freins techniques ou économiques, rotation non adaptée …). Nous supposons que les fermes ayant répondu à cette enquête sont déjà sensibilisées à l’utilisation de couverts végétaux (diffusée via différents réseaux par des partenaires travaillant sur les couverts végétaux), ce qui peut expliquer un taux d’utilisation important de couverts végétaux.

Semences en pures ou en mélanges - les préférences par filière


Illustration : Souhait des agriculteurs par filière sur des semences de couverts végétaux en pures ou en mélanges - Les échantillons sont plus ou moins conséquents, et donnent une représentation différente selon les filières.

Ci-dessous, une synthèse des préférences en termes de semences en pures ou en mélanges, par filière :

  • Semences en mélange : La filière PPAM (>85%) semble préférer des mélanges
  • Semences en pures : Pour le maraîchage et les grandes cultures, la majorité (>60%) des fermes semblent préférer avoir des semences en pur.
  • Pas de préférences : Les filières arboriculture et viticulture semblent plus partagées sur leurs préférences puisque la répartition entre mélange et pur se situe autour de 50%

L’enquête ne nous permet pas de conclure sur les raisons de ces choix mais d’après les réponses par filière, on peut supposer :

  • Semences en pures : Plus de flexibilités sur les associations, ainsi que sur les semis – ex : les céréaliers sont plus souvent équipés de matériels plus performants de semis, ce qui permet par exemple de réaliser différentes profondeurs de semis ; les maraichers sur petites surfaces réalisent des semis à la volée et les mélanges sont moins contraignants à la ferme.
  • Semences en mélanges : Des couverts végétaux prêts à être semés, moins de contraintes techniques (manutention et mélanges, temps de travail…)

Les espèces souhaitées

Méthodologie
Par filière, les agriculteurs.rices ont pu exprimer leur besoins en couverts végétaux par espèce. Une synthèse des résultats par filière a été réalisée selon la méthode suivante :

  • Nombre de citations de chaque espèce (« Nb ») – ex : si 3 agriculteurs ont mentionné vouloir de la vesce sur la filière maraîchage, alors Nb = 3
  • La surface correspondante à la superficie de l’atelier, par espèce (« Ha ») – ex : Si un maraicher sur 1ha souhaite de la vesce et du seigle, alors HaVesce = 1ha et HaSeigle = 1 ha – les surfaces n’ont volontairement pas été divisées par le nombre d’espèces mentionnées afin d’obtenir une représentation équivalente pour l’ensemble des espèces

Les besoins par filière
Ci-dessous, les espèces jugées comme d’intérêt pour des couverts végétaux d’après les réponses au sondage, triées par familles botaniques et par surface correspondante à semer (de la surface la plus vers la moins importante) :
Légumineuses : Vesce ; Féverole ; Trèfle ; Sainfoin ; Pois Four. ; Luzerne ; Ers ; Mélilot
Céréales : Avoine ; Seigle ; Sorgho ; Orge ; Fétuque ; Dactyle ; Millet P. ; Moha
Brassicacées : Moutarde ; Radis ; Cameline ; Colza
Autres espèces : Sarrasin ; Phacélie ; Carthame ; Lin ; Tournesol

Le détail des réponses par filière est présenté dans ce document.

Bilan des besoins régionaux en couverts végétaux

Les espèces peu cultivées à date dans la région pour lesquelles les réponses au sondage ont montré de l’intérêt
➲ La féverole est une espèce qui est peu cultivée dans la région, par rapport au reste de la France. Le réseau Bio de PACA conduit actuellement des essais afin de sécuriser la production des graines, à la fois comme couvert végétal mais également pour l’alimentation animale. Toute l’actualité via ce lien.

➲ Le trèfle incarnat est testé depuis deux ans par le réseau Graines de Couverts et l’essai en 2024 a permis de produire des semences. Les essais sont à poursuivre pour sécuriser le rendement, avec des comparaisons sur les différentes espèces de trèfle d’intérêt comme couvert végétal.

➲ La luzerne est une espèce dont la culture est très répandue dans la région pour la production de fourrages. Les échanges de graines sont toutefois règlementés, notamment à cause du droit sanitaire - un lot de semence de luzerne doit obligatoirement être doté d’un passeport phytosanitaire, afin de limiter la propagation des maladies, mais également prévenir la cuscute (vigilance car détection sur plusieurs sites en PACA).

➲ Le sorgho est une culture assez répandue dans la région PACA pour l’alimentation animale ou comme couvert végétal estival. La plante réalise sa photosynthèse en C4 ce qui lui permet de poursuivre son développement avec des chaleurs. La production de semences reste peu répandue car ses utilisateurs sont principalement des éleveurs peu équipés, les semences sont généralement achetées dans le commerce et restent abordables. Des essais sont en cours par les agriculteurs du réseau Bio de PACA.

➲ Le moha est une culture de diversification peu implantée dans la région PACA. Cependant, la plante réalise la photosynthèse en C4 (comme pour le maïs et sorgho), ce qui la rend intéressante comme couvert estival. Des essais sont à mettre en place afin d’évaluer son potentiel en comparaison avec du sorgho qui est plus largement cultivé.

➲ Le radis fourrager est répandu dans les mélanges de couverts végétaux commerciaux mais peu d’agriculteurs le produisent dans la région pour multiplier les graines. Des essais sont à mettre en place pour acquérir des références.

➲ Le colza est peu cultivé dans la région PACA, d’autant plus en bio. En effet, le climat chaud et sec pénalise les rendements (besoins en eau au moment de la floraison) et peu de moyens de lutte biologique sont efficaces contre ses bioagresseurs.

➲ Le sarrasin est une culture qui se récolte autour d’octobre dans la région. Les couverts végétaux étant implantés autour de septembre, cela nécessite aux producteurs de sarrasin de conserver les graines pendant une année. Or, la plupart des volumes produits sont écoulés au cours de l’année via des paysans-boulangers dont la demande est forte. En 2024, un essai de Sarrasin tataricum a été mis en place par un agriculteur de la région - une espèce qui serait plus adaptée comme couvert végétal par une forte production de biomasse. Résultats à suivre.

➲ La phacélie reste peu cultivée dans la région puisqu’elle apprécie l’humidité (nécessite l’irrigation pour un bon développement) et préfère les sols riches. La production de cette espèce n’est pour l’instant pas priorisée dans les expérimentations régionales.

Les espèces avec plus de références régionales
Les autres espèces non mentionnées précédemment et citées dans l’enquête sont produites localement par des agriculteurs bio de la région PACA.

↓ Trouver de la semence de couverts végétaux ↓

Pour trouver de la semence de couverts végétaux, rendez-vous sur cet article.

Rédaction : Damien FORNENGO, Agribio 04 (Août 2024)
Contacts & renseignements : anim.grandes-cultures@bio-provence.org