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de Provence-Alpes-Côte d'Azur

Quelles variétés choisir en blé dur et blé tendre bio ?

L’année 2024 a été marquée par de très bons niveaux de rendement dans le sud-est en céréales à paille. Retour sur les résultats et préconisations sur la base des essais réalisés par Arvalis.

2024 restera comme une très bonne année pour les rendements céréaliers de la région PACA, y compris en agriculture biologique. A Dauphin, lieu maintenant des essais de blé depuis 2015, un rendement record moyen a même été observé en blé tendre  : 74.9 qtx/ha de moyenne et 12.9% de protéines avec un sainfoin en précédent et une fertilisation organique à hauteur de 70 unités d’azote (soit à peu près les mêmes itinéraires techniques que l’année précédente). Les pluies régulières ont bien sûr favorisé l’installation d’un potentiel de rendement élevé tout comme la minéralisation de l’humus et celle de l’engrais organique. Par ailleurs, les conditions très favorables au remplissage du grain (absence de températures échaudantes, pluies régulières jusque assez tard) ont fortement contribué à ces hauts rendements, y compris pour des variétés tardives, normalement peu adaptées à notre région.

Blé tendre  : veiller aux compromis rendement/protéines

Encore plus qu’en conventionnel, le choix des variétés en bio s’opère souvent sur la notion de compromis «  rendement-protéines  », les moyens d’assurer une nutrition azotée non limitante étant fortement réduits.

Figure 1  : résultats protéines-rendement en blé tendre bio pour les essais du réseau Expébio sur la moitié sud de la France en 2024. Ceux réalisés en PACA sont inclus dedans, mais non présentés de manière isolée pour donner une plus grande généricité aux résultats.

Dans les résultats des essais, on retrouve différents profils de variétés intéressantes pour la région selon les objectifs de production  :

  • Des variétés productives, pouvant parfois faire défaut en termes de protéines notamment pour des usages en termes de panification  : Artimus, Geny, Gwenn, KWS Corrole. Ces variétés peuvent être intéressantes pour des valorisations en biscuiterie.
  • Des variétés moins productives mais assurant la qualité  : Izalco, Togano, Mossette, KWS Constellum.
  • Des variétés de compromis rendement/protéines  : Energo, Camillus, Abracadabra (nouveauté 2024, prometteuse pour la région), Camillus.

La figure 2 présente les profils des notes des variétés de blé tendre bio. Les notes vont de 1 (très sensible pour les maladies, très hiver pour l’alternativité, très tardif pour les stades, très peu couvrant) à 9 (très résistant, très précoce, très printemps…). Dans la moitié sud de la région (en dessous de Sisteron), il est conseillé de ne pas semer de variétés trop tardives à épiaison (note minimale de 7), sous peine de risques d’échaudage pénalisant fortement le rendement. Par ailleurs, on regardera attentivement la note de protéines permettant de traduire la capacité des variétés à la qualité. On retiendra Abracadabra parmi les nouveautés en variétés de compromis rendement/protéines, avec néanmoins la sensibilité à la rouille jaune comme défaut.

Figure 2  : tableau multicritère de choix des variétés (Source des données : ARVALIS, Expébio et CTPS/GEVES)

Blé dur  : des inscriptions récentes offrant de bons compromis rendement/protéines

Le blé dur est une culture particulièrement exigeante en bio, notamment en termes de nutrition azotée. Pour garantir sa qualité, elle doit préférentiellement être placée derrière une légumineuse pluriannuelle, sainfoin ou luzerne. Là encore, la notion de compromis entre le rendement et la protéine apparaît centrale. Les variétés très productives comme Anvergur, RGT Voilur, Canaillou ne sont pas adaptées au bio car très souvent prises en défaut au niveau de la protéine et du mitadin. A l’inverse, si les variétés peu productives assurent au niveau de la protéine, elles sont souvent limitées en rendement, et donc en rentabilité économique. On s’intéressera donc aux variétés de compromis rendement/protéines et notamment aux inscriptions récentes Dimokritos (attention sensible rouille brune) et Danube. Elles offrent un gain de rendement significatif par rapport à Surmesur, jusque-là la référence qualitative en bio.

Figure 3  : positionnement des variétés selon leurs performances en rendement et protéines en fonction des moyennes annuelles de chaque essai. En moyenne, de 2019 à 2024, le taux de protéines a été de 12.7% et le rendement de 34.9 qtx/ha. Le taux moyen de mitadin est illustré par la couleur des points (en verts  : inférieur à 30%  ; orange entre 30 et 50%, rouge  : supérieur à 50%  ; bleu  : pas de mesure). Attention : arrêt de multiplication pour Surmesur, Atoudur. Pas de développement bio pour Pescadou & Platone


2024, une bonne année en blé dur bio : En 2024, deux essais variétaux bio ont eu lieu en région PACA  : un à Dauphin (04) chez M.Hugues Masucco et un autre aux Salins de Giraud (13) chez M.Bastien Clerc. A Dauphin, en précédent sainfoin et sans irrigation, le rendement moyen a été de 46 qtx/ha (23 en 2023) pour un taux de protéines de 14.4% et un PS de 76. Aux Salins de Giraud, le rendement moyen a été de 50 qtx, pour un taux de protéines de 12% et un PS moyen de 78. Danube et Dimokritos affichent des PS légèrement supérieurs à la moyenne de l’essai.

Merci à Hugues Masucco et Bastien Clair pour le prêt des parcelles et les opérations culturales pour la réalisation des essais.

Co-rédacteurs :
Mathieu Marguerie & Clémentine Bourgeois,
Arvalis - Institut du Végétal